Le vin végane est-il vraiment éthique ou juste un coup marketing ?

7 juin 2025

Quand on parle de vin, la plupart des gens pensent raisins, fermentation et terroir, le tout dans une bouteille chic. Jusque-là, rien de bien étranger au monde végétal. Mais ce que beaucoup ignorent, c'est que dans le processus de vinification, des produits d'origine animale sont souvent utilisés. Oui, même dans votre petit château bordelais préféré.

Ces produits sont généralement employés lors du processus de clarification, une étape clé pour rendre le vin limpide en retirant les particules solides flottant encore dans le liquide après la fermentation. Parmi les substances les plus courantes, on trouve :

  • L'isinglass : une colle de poisson produite à partir de vessies natatoires séchées.
  • L'albumine d'œuf : utilisée principalement dans les vins rouges pour adoucir les tanins.
  • La caséine : une protéine de lait servant à éliminer les excès de tanins et les défauts de couleur.
  • La gélatine : un produit d'origine animale souvent extrait de la peau, des os ou des tendons.

Alors, si vous êtes végétalien·ne ou simplement en quête de consommation éthique, voilà qui peut vite poser problème. Notons cependant que ces produits ne se retrouvent pas dans le vin final : ils servent de « colle » pour capter les impuretés et sont ensuite filtrés. Mais leur utilisation reste incompatible avec les idéaux du véganisme.

Passons maintenant à la grande question : pourquoi tant de vignerons revendiquent-ils aujourd’hui une production végane ? Est-ce une réelle démarche éthique ou une extension de la popularité croissante du véganisme ?

L'éthique avant tout : un engagement réfléchi

Pour de nombreux vignerons, adopter des pratiques véganes s'inscrit dans une démarche globale de respect du vivant. Cela va souvent de pair avec d’autres bonnes pratiques comme l’agriculture biologique ou la biodynamie. Les vins véganes sont aussi souvent produits de manière plus artisanale, avec une attention accrue portée à la qualité des raisins et aux procédés naturels.

Abandonner l'utilisation de produits d'origine animale implique de trouver des alternatives. Et elles existent ! La bentonite (une sorte d'argile) ou les pois protéinés sont ainsi utilisés pour remplacer les colles animales traditionnellement employées. Cela démontre un choix conscient de trouver des solutions respectueuses de toutes les formes de vie, sans transiger sur la qualité du vin.

En ce sens, on peut dire que pour certains producteurs, le vin végane est bien plus qu'un argument marketing. C'est une véritable philosophie, un geste éthique cohérent qui va au-delà de l’étiquette.

Marketing et opportunisme : un effet de mode ?

D’un autre côté, difficile d’ignorer que l’étiquette “végane” a un certain sex-appeal. Avec la montée en flèche des consommateurs végans ou flexitariens — 24 % des Français déclarent vouloir réduire leur consommation de produits animaux (source : Kantar, 2021) —, certaines entreprises y voient forcément une opportunité de marché.

Le problème, c'est que certaines marques jouent simplement la carte marketing sans réelle transparence. On voit parfois apparaître des bouteilles labellisées "végane" alors que l’ensemble de la démarche du producteur n’est pas forcément éthique (usage de pesticides, travail peu respectueux des sols, etc.). Attention au greenwashing, dans ce cas rebaptisé “vegan-washing” !

Alors, comment faire pour trier le bon grain de l’ivraie (ou plutôt le bon vin du mauvais) ? Voici quelques conseils pour y voir plus clair :

  1. Vérifiez les certifications : Recherchez des labels fiables tels que "Vegan Society" ou le logo officiel végane. Ils garantissent spécifiquement l'absence de produits animaux dans tout le processus de production.
  2. Attention à la cohérence : Un vin végane produit par un domaine sans aucune considération pour la biodiversité ou l’environnement reste un choix discutable. Priorisez les vins combinant labels biologiques ou biodynamiques avec l’étiquette végane.
  3. Renseignez-vous sur les producteurs : Aujourd’hui, beaucoup de vignerons engagés n’hésitent pas à partager leur démarche via leur site ou les réseaux sociaux. Prenez le temps de lire sur leur philosophie.
  4. Faites confiance au bouche-à-oreille : Demandez conseil à des spécialistes, cavistes ou sommeliers passionnés. Ils sauront vous orienter vers des vins authentiques.

Pour moi, le vin végane ne devrait pas être perçu comme un simple effet de mode, mais comme une étape vers une viticulture plus durable et respectueuse. Après tout, produire du vin sans exploiter directement ou indirectement les animaux s'inscrit dans une logique de respect du vivant, ce qui est bien en phase avec les enjeux écologiques d'aujourd'hui.

Et soyons honnêtes : combien d'entre vous ont déjà trouvé que la limpidité d'un vin était plus douce grâce à de la vessie de poisson ? Est-ce réellement indispensable ou une habitude vieillissante ? La question mérite d’être posée.

En fin de compte, il ne serait pas étonnant que le vin végane devienne une norme dans les décennies à venir. Non seulement parce que la demande des consommateurs est en pleine croissance, mais aussi parce que les alternatives végétales se révèlent souvent économiques, efficaces et simples à mettre en œuvre.

Alors, choix éthique ou coup marketing ? Comme souvent, la réponse se situe probablement entre les deux. Ce qu’il faut retenir, c’est que vous, en tant que consommateur, avez le pouvoir de soutenir les producteurs sincères qui font avancer les choses. Prenez le temps de lire les étiquettes, de poser des questions… et surtout, de déguster. Parce que végane ou pas, un bon vin reste avant tout un vin qu’on prend plaisir à boire.