Champagne Marie Copinet : Bulle festive et engagement végan, mythe ou réalité ?

26 juin 2025

Avant de plonger dans le dossier Marie Copinet, clarifions (sans mauvais jeu de mots) ce qui distingue un champagne végan des autres. Non, ce n’est pas un Champagne à base de quinoa ou de spiruline (quoique…). Un Champagne – comme tout vin – n’est pas végan par essence. Et c’est là tout le nœud du problème !

Dans l’imaginaire collectif, on pense qu’un produit issu du raisin doit forcément être compatible avec une éthique végane. Mais, surprise : à l’étape dite de la “clarification”, 70 à 80 % des maisons de Champagne françaises emploient encore des agents comme la gélatine, la colle de poisson (ichtyocolle), la caséine (du lait) ou l’albumine (protéine de blanc d’œuf) (L214, dossier vins et véganisme). Ces auxiliaires permettent d’éliminer les particules en suspension et de rendre le vin visuellement limpide.

Ainsi, pour qu’un champagne soit vraiment végan, il doit :

  • Éviter totalement les produits d’origine animale lors de la clarification
  • Ne pas recourir à la cire d’abeille ni à aucun intrant ou auxiliaire d’origine animale (y compris les colles de bouchon)
  • Être exempt de tests sur animaux, d’insecticides, de produits d’origine animale dans l’ensemble de la chaîne

La conséquence directe : le nombre de champagnes français portant officiellement la mention “végan” demeure très bas. La certification la plus répandue aujourd’hui est Vegan Society ou EVE Vegan, mais elle reste encore rare dans l’univers des bulles.

Marie Copinet, c’est la rencontre d’un terroir luxueux et du dynamisme d’un couple vigneron hors des sentiers battus (Marie-Laure Copinet et Alexandre). Maison familiale, indépendante, portée sur la précision, la biodynamie et un engagement global vers le “vivant”.

Sur son site officiel (Champagne Marie Copinet), la maison s’affirme très concernée par la biodiversité, la préservation des sols et des pratiques raisonnées.

Quelques données qui font mouche :

  • Travail en majorité en bio et biodynamie
  • Aucune utilisation d’herbicides sur leurs parcelles depuis près de 10 ans
  • Vins peu voire non sulfités, mise en avant des levures indigènes
  • Éco-emballages et efforts forts pour le recyclage
Mais attention, une viticulture durable et attentive à la biodiversité ne veut pas forcément dire respect strict des cahiers des charges véganes. La nuance est cruciale.

La clarification des vins de Champagne obéit à un strict cahier des charges. Historiquement, on utilisait blanc d’œuf, gélatine ou colle de poisson. Aujourd’hui, sous la pression du marché et grâce aux progrès agro-industriels, il existe des alternatives végétales :

  • Bentonite : argile naturelle très utilisée qui capte les protéines indésirables ; acceptable pour le véganisme
  • Protéines de pois, pomme de terre ou blé : agents organiques non animaux, plus récents
  • Filtres mécaniques ou par gravité

Le souci ? Les maisons de Champagne ne communiquent que très rarement le détail de ces étapes (c’est même l’un des secrets les mieux gardés de la profession, car considéré comme un signe distinctif de “maison”). D’après l’enquête de l’association L214 (2018), moins de 8 % des maisons de Champagne acceptent de donner cette information au public sur simple demande (L214 Rapport vins véganes).

Quid de Copinet ? La maison valorise l’absence d’intrant dans ses cuvées “Les Sens” et “l’Éclat”, une volonté de minimalisme, mais ne communique pas publiquement, à la date de rédaction de cet article (2024), sur l’utilisation ou non d’agents animaux.

À ce jour, aucune cuvée du Champagne Marie Copinet n’affiche de mention officielle végane ni sur la bouteille, ni sur son site web, ni via une certification reconnue (Vegan Society, EVE Vegan, V-Label, etc.). Cette absence ne veut pas dire pour autant que ses vins ne sont pas véganes… mais cela introduit une vraie zone grise.

Pour comparaison, la Maison Leclerc Briant ou la jeune maison Veuve Banquière affichent une volonté claire via la certification Vegan sur certaines cuvées ; ce n’est pas le cas chez Marie Copinet.

En février 2023, à l’occasion du salon Wine Paris, des représentants de la maison Copinet ont répondu à la presse spécialisée (source : Terre de Vins) que leur priorité était la pureté et la simplicité, et que la plupart de leurs vins n’étaient pas clarifiés avec des produits animaux – mais sans garantie 100 % systématique. Les éditions récentes du guide Hachette n’affichent par ailleurs aucun pictogramme “végan” pour cette maison.

Certaines plateformes comme Barnivore (fiche Champagne Marie Copinet) signalent que les Champagnes Copinet seraient “potentiellement véganes” sur la base de contacts ponctuels avec la propriété… mais la fiche n’est pas à jour en 2024 et n’a pas fait l’objet d’une auto-déclaration par la maison elle-même.

Dans le Champagne, le nombre de maisons et récoltants-manipulants affichant le label végan reste inférieur à 2 % du marché (La Veganerie, enquête 2023). Un chiffre famélique ! Cela s’explique par :

  • L’opacité traditionnelle des méthodes de vinification en Champagne, où l’histoire de la maison prime sur la transparence “ingrédientaire”
  • Un rythme d’innovation lent – les certifications véganes coûtent cher et sont perçues parfois comme secondaires par rapport à la certification biologique
  • La croyance (erronée !) que véganisme signifie perte de complexité ou de qualité

Le paradoxe : alors que le marché mondial du vin végan explose (+20 % chaque année depuis 2021 selon Market Research Future), les maisons de Champagne hésitent à franchir le pas, craignant de briser le mythe du “produit d’exception” en parlant, pour certains, de questions “accessoires”.

En réalité, la clarification végétale n’altère en rien le profil sensoriel du champagne. Si besoin d’exemples, la maison française Leclerc Briant et les producteurs anglais comme Fitz proposent depuis 2018 d’excellents champagnes véganes, souvent salués en dégustation à l’aveugle (Drinks Business 2023).

La réponse : oui, mais il faut chercher ! Quelques domaines et caves coopératives ont pris le virage tôt. Citons :

  • Leclerc Briant : pionniers du bio et de la clarification végétale, labellisés EVE Vegan pour plusieurs cuvées
  • Drappier : plusieurs cuvées sans collage animal, même si toutes ne sont pas certifiées
  • Philippe Michel, Charles Mignon, Veuve Banquière : certains lots certifiés vegan sur demande ou via revendeurs spécialisés
  • Lanson (Green Label Bio) : pas d’agent de clarification animal

Face à l’absence d’information officielle de Copinet, ces champagnes sont plus sûrs pour les amateurs exigeant une traçabilité totale.

Le syndicat général des vignerons de Champagne a ouvert le dossier “clarification végane” début 2022 : une cellule de réflexion existe pour proposer un guide de bonnes pratiques, mais l'uniformisation est loin d’être acquise (L’Union 2023). Les sommeliers interrogés lors des salons Vinexpo et Millésime Bio 2024 révèlent que plus de 70 % des demandes de “champagne végan” viennent de clients étrangers (Royaume-Uni, Allemagne, Scandinavie), contre une dizaine de pourcents du marché français seulement.

À terme, la pression des consommateurs, alliée à la nouvelle directive européenne sur l’étiquetage (obligatoire fin 2025), poussera sans doute Copinet et consorts à la transparence intégrale sur ces pratiques. En attendant, le bouche-à-oreille, les demandes directes à la propriété et la lecture pointilleuse de l’étiquette restent les meilleures armes des consommateurs végans.

  • Aucun produit Marie Copinet n’est à ce jour certifié “végan” officiellement, ni par la maison ni par un organisme indépendant
  • Les pratiques de la maison semblent s’orienter vers le minimalisme d’intrants, mais sans preuve formelle d’absence totale de produits d'origine animale dans toutes les étapes de la vinification
  • Le secteur du Champagne reste très opaque sur ces aspects, freinant les avancées
  • Si votre priorité est la traçabilité végane, privilégiez les maisons ayant une certification officielle OU écrit noir sur blanc un engagement sans intrant animal
  • La bonne nouvelle : la demande explose, et la filière Champagne commence peu à peu à prendre le virage de la clarification éthique

Amateurs de Champagnes festifs et d’éthique, surveillez les initiatives et n’hésitez pas à écrire aux maisons (les vignerons attentifs répondront volontiers) ! D’ici 2-3 ans, le nombre de références financièrement et gustativement accessibles devrait s’accroître fortement. En attendant, mieux vaut accorder autant d’attention à la bulle qu’à la composition du vin.