Les secrets d’un accord parfait : vins rouges véganes & plats végétaliens riches

17 juin 2025

L’art d’accorder un vin rouge avec des plats végétaliens riches, c’est bien plus que suivre la couleur du vin avec la couleur du plat — et non, le steak (de chou-fleur ou de champignon portobello) n’appelle pas forcément un madiran viril. Face à la diversité des vins rouges véganes et l’explosion gourmande de la cuisine végétalienne, la question de l’accord mérite qu’on s’y attarde sérieusement, loin des clichés.

Le premier réflexe à éviter ? Chercher à tout prix des substituts aux accords traditionnels “rouge-viande”. Ici, on apprend à célébrer la richesse des textures végétales, la complexité des épices, et surtout, à choisir des cuvées aussi éthiques que délicieuses.

Tous les vins ne sont pas véganes, loin de là. Un vin rouge sans produit d’origine animale, c’est avant tout un vin dont aucun agent de collage (colle de poisson, blanc d’œuf, gélatine, caséine) n’a été utilisé lors de la clarification. De plus en plus de domaines mettent en avant cette démarche, souvent associée à la biodynamie ou aux pratiques biologiques (Vegan Society). En France, encore moins de 3% des domaines revendiquaient une certification végane en 2021 (Sud-Ouest), mais la tendance grimpe.

  • Vins rouges véganes : Clarification avec de la bentonite, des pois, des fibres végétales, ou pas du tout (vin nature).
  • Certification : Cherchez le logo “vegan” ou renseignez-vous auprès du vigneron (beaucoup le sont sans le mentionner).

La richesse d’un plat végétalien ne se limite pas à la simple consistance : ce sont des plats denses, goûteux, umamis, jouant souvent sur les protéines végétales (seitan, tempeh, légumineuses travaillées), les sauces onctueuses, les réductions d’aromates, la torréfaction, voire la fermentation. Choucroute de tofu fumé, lasagnes bolognaise aux lentilles, ragoût de pois chiches et aubergines fondantes, curry de haricots rouges... on est loin de l’image “insipide, fade et tout léger”.

C’est cette générosité des saveurs qu’il faut sublimer avec le bon vin rouge végane.

Oubliez les associations automatiques du style "rouge = ricain, viande, barbecue". Les plats végétaliens riches révèlent tout leur potentiel lorsqu’on porte attention à trois critères majeurs :

  1. La structure du vin : Tanins fondus, acidité vive ou souplesse ? Un vin rouge ultra-corsé à tanins rustiques fera de l’ombre à la délicatesse des légumes ; à éviter.
  2. L’aromatique : Fruits rouges, noirs, notes terriennes, poivrées ou épicées ? Ces éléments doivent créer un dialogue (pas une bagarre) avec les ingrédients du plat.
  3. La fraîcheur : Un peu d’acidité est la clé pour contrebalancer la richesse et aider le palais à rester alerte.

Petite (grosse) erreur courante :

Un plat riche ne réclame pas obligatoirement un vin puissant, mais surtout un vin équilibré et vivant, capable de rebondir sur les saveurs du plat sans jamais saturer le palais.

1. Plats mijotés et sauces gourmandes (lasagnes aux lentilles, bolognaise végane, chili sin carne)

  • Profil du vin rouge végane : Un rouge gourmand, à dominante de fruits mûrs mais doté d’une belle fraîcheur. Les crus du Beaujolais (type Morgon, Fleurie) naturellement vegans pour les plus natures, sont bluffants : fruit croquant, tanins veloutés, cœur juteux. Autre option : un Pinot Noir alsacien, souple et aérien.
  • Pourquoi ça marche ? L’acidité du vin équilibre la tomate, les tanins fins n’écrasent pas les protéines végétales, tandis que leur côté fruité fait écho au côté réconfortant du plat.

2. Plats grillés ou rôtis (filet de seitan au poivre, légumes racines caramélisés, portobello farci)

  • Profil du vin : Cherchez un rouge au caractère légèrement fumé, aux arômes de sous-bois, mais sans excès de boisé : un Syrah du Rhône septentrional, un Cabernet Franc de Loire sans collage animal (Chinon, Bourgueil).
  • L’astuce : Les notes de poivre du Syrah ou la fraîcheur du Cabernet Franc réveillent le plat et mettent en valeur le côté torréfié/umami.

3. Cuisine du monde et épices (curry de pois chiches, moussaka, tajine légumes-sultanines-amandes)

  • Profil du vin : Un rouge léger, peu tannique, aromatique et épicé : pensez à un vin du Jura (Poulsard) ou à un Côtes-du-Rhône nature.
  • À retenir : Gare aux tanins trop présents, qui accentuent la chaleur des épices ! Un vin souple, frais, fruité permet de surfer sur le festival d’arômes.

4. Plats riches en protéines végétales et en umami (burger de haricots rouges, steak de tempeh laqué, champignons portobello farcis)

  • Profil du vin : Privilégier un rouge “glouglou” mais de caractère : Gamay, jeune Grenache, un bon Languedoc sur le fruit (du style Mas de l’Ecriture, toujours soucieux de pratiques propres et éthiques).
  • L’info-clé : L’umami appelle l’umami : les champignons, le tempeh, le miso supportent bien les rouges à notes de sous-bois, parfois même un peu évoluées.
Type de plat végétalien Style de vin rouge végane à privilégier Exemples recommandés
Lasagnes, plats en sauce tomate, bolognaises végé Frais, fruité, tanins souples, bonne acidité Morgon nature (Beaujolais), Pinot Noir d’Alsace
Seitan grillé, légumes rôtis Léger fumé, épicé, pas trop boisé Syrah (Rhône nord sans collage animal), Chinon bio vegan
Cuisine épicée du monde Peu tannique, aromatique, épicé mais frais Poulsard du Jura, Côtes-du-Rhône nature
Plats très umami : champignons, tempeh, burgers végétaux Rouge sur le fruit mais avec du relief Gamay du Forez, jeune Grenache du Languedoc

Pour aller plus loin : la source anglaise The Vegan Review recense près de 50 domaines phares européens, dont plus de 20% ayant converti toutes leurs cuvées à une vinification 100% végétalienne.

  • N’allez pas “plus fort” que le plat : Les rouges trop puissants (style Cahors ou Bandol jeunes, très boisés) écrasent la finesse des saveurs végétales. Un peu de retenue, ça change tout.
  • Attention à la température de service : Beaucoup de rouges fruités supportent 14-16°C, au-delà les arômes risquent de s’écraser.
  • Le sucre des plats textiles : Les carottes rôties, patate douce ou chutney appellent des rouges à la fois vifs et peu tanniques pour ne pas tourner au sirop.
  • Testez les magnums en grandes tablées : Le magnum fait respirer le vin, l’accord est plus ouvert et le plaisir est démultiplié (et moins de déchets — on reste cohérent !).
  • Goûtez AVANT : Rien ne remplace une gorgée test sur l’accord, même si cela signifie parfois d’abandonner une certitude.

La liste des vignerons et domaines engagés ne cesse de s’allonger. Un tour rapide de quelques noms sûrs, connus pour leur exigence :

  • Domaine Marcel Lapierre (Beaujolais) : Pionnier du vin naturel, toutes les cuvées sont végans, zéro intrant animal.
  • Domaine Les Terres Promises (Provence) : Vinifications sans collage animal, vins salués pour leur franchise et leur précision.
  • François Chidaine (Montlouis, Loire) : Chenin mais aussi des rouges, la gamme est très fluide côté certification végane.
  • Château Les Croisille (Cahors) : Ligne végane officielle sur certaines cuvées, démarche écologique forte.

Pour vérifier : Les sites Barnivore et Labellise Vegan restent les bases internationales/françaises de vérification officielle. Attention aux millésimes : une cuvée peut changer de protocole d’une année sur l’autre.

Accorder un vin rouge végane avec un plat végétalien riche, ce n’est plus une expérience marginale réservée aux initiés, c’est LE nouveau terrain de jeu du goût et de l’éthique. Outre la fierté de mettre en avant une filière qui évite exploitation animale et additifs douteux, on s’offre surtout une profondeur aromatique inédite, du peps à table, et surtout beaucoup de convivialité.

Testez beaucoup, osez sortir des circuits fermés “rouge-viande”/“blanc-poisson”, faites confiance aux jeunes générations de vignerons engagés qui bousculent les codes, et surtout, ouvrez vos papilles : la révolution végétale dans le verre comme dans l’assiette ne fait que commencer.

Pour aller plus loin : consultez The Vegan Society pour dénicher les tendances européennes ou discutez sur La Vigne pour échanger sur la transition éthique des vignobles.